La compassion d’abord

C’est peut-être subjectif : nous avons l’impression que les catastrophes dites naturelles se multiplient ces derniers temps, et qu’il n’y a pas de fin aux souffrances que les populations doivent endurer. Mais la catastrophe inédite du Tsunami du 11 mars au Japon nous choque particulièrement. Elle frappe une société hautement développée, en avance technologique sur la nôtre dans bien des domaines. Mais l’effondrement de la maîtrise technologique dans l’embrasement de la centrale nucléaire de Fukushima relativise brutalement la prétention humaine de pouvoir dominer tous les risques. Depuis le 11 mars et les jours suivants, notre image du monde n’est plus la même, et nous ne voyons plus notre modèle technologique de la même façon. De nombreux artistes japonais (cinéastes, écrivains, créateurs de bandes dessinées…) imaginent d’ailleurs régulièrement de tels scénarios catastrophes, sur le mode de la science fiction.

Mais avant toute considération d’ordre théorique, c’est l’empathie humaine qui doit se mobiliser. La compassion avec les victimes. La solidarité. Et la revendication vis-à-vis de tout gouvernement de placer la protection des personnes les plus fragiles en priorité sur son programme d’action. La compassion du cœur et de l’action doit s’associer ensuite au sens de la responsabilité: comment penser l’avenir? Qu’avons-nous appris de cette leçon dramatique? Personne ne pourra prétendre continuer comme si de rien n’était.

 Tout cela est impossible sans l’espérance. Impossible de vivre ou même de survivre sans espérance, sans ouverture à l’avenir. Et pourtant, l’espérance semble contredire la réalité telle que nous l’avons devant les yeux. Il faut du courage, de la résistance, pour espérer.

 Pour nous, l’espérance qui ose contredire la réalité se fonde dans la résurrection de Jésus Christ. Lui, présence humaine de Dieu parmi les hommes, a vécu selon la compassion de Dieu, en allant jusqu'à assumer la mort. Et au-delà, il nous ouvre un chemin d’avenir selon la dynamique de la résurrection.

 Les chrétiens du Val d’Oise désirent exprimer ensemble cette espérance, incarnée dans le monde où nous vivons les uns avec les autres, le matin de Pâques, par le rassemblement œcuménique au bord du lac d’Enghien. Vous êtes tous invités. Partageons cette espérance les uns avec les autres, et partageons-la au monde !

Bien fraternellement à vous

Bettina Cottin,
Pasteur de l'Église Réformée d'Enghien